Texte de base :
Quand le père Goriot parut pour la première fois sans être
poudré(1), son hôtesse(2), Madame Vauquer, laissa échapper une exclamation de
surprise en apercevant la couleur de ses cheveux : ils étaient d’un gris sale
et verdtre(3). Sa physionomie que des chagrins secrets avaient insensiblement
rendue plus triste de jour en jour, semblait la plus désolée de toutes celles
qui garnissaient la table(4)… Quand son trousseau(5) fut usé, il acheta
un calicot(6)Â Ã quatorze sous l’aune(7)Â pour remplacer son beau linge.
Ses diamants, sa tabatière d’or, sa chaîne, ses bijoux disparurent un à un. II
avait quitté l’habit bleu barbeau(8), tout son costume cossu(9), pour porter,
été comme hiver, une redingote(10) de drap marron grossier, un gilet en
poil de chèvre et un pantalon gris en cuir de laine. II devint progressivement
maigre ; ses mollets tombèrent ; sa figure, bouffie(11) par le
contentement d’un bonheur bourgeois, se rida démesurément ; son front se
plissa, sa mchoire se dessina. Durant la quatrième année de son établissement
rue Neuve-Sainte-Geneviève, i1 ne se ressemblait plus. Le bon vermicellier de
soixante-deux ans qui ne paraissait pas en avoir quarante, le bourgeois gros et
gras, frais de bêtise, dont la tenue égrillarde(12) réjouissait les
passants, qui avait quelque chose de jeune dans le sourire, semblait être un
septuagénaire(13) hébété(14), vacillant(15), blafard(16). Ses yeux bleus
si vivaces prirent des teintes ternes et gris de fer ; ils avaient pli, ne
larmoyaient plus, et leur bordure rouge semblait pleurer de sang. Aux uns il
faisait horreur ; aux autres il faisait pitié.
Balzac, Le père Goriot, partie 1 ; Une pension
bourgeoise.
*****
Notes :
Poudré : la poudre mise sur les cheveux est une
marque de distinction sociale.
Une hôtesse : propriétaire de la pension.
Verdtre :Â couleur proche du vert sale.
Celles qui garnissaient :Â les personnes qui se
trouvaient à  table.
Un trousseau : les vêtements.
Un calicot :Âtissu en coton peu cher.
L’aune : ancienne mesure (1,20 m),
Barbeau : nom familier d’une fleur, le bleuet.
Cossu :Âriche.
Une redingote :Âlongue veste.
Figure bouffie : figure gonflée.
Tenue égrillarde : comportement joyeux.
Un septuagénaire : qui a soixante-dix ans.
Hébété : stupide, abruti.
Vacillant : qui manque d’équilibre.
Blafard :Â sans couleur, ple.
I) COMPREHENSION :
1. Complétez le tableau suivant : (2pt)
ÂAuteur |
ÂTitre |
ÂGenre |
ÂSiècle |
 |
 |
 |
  |
2. Quel est le personnage décrit ? Quel est son statut social ? (2pt)
3. Quand le père Goriot parut pour la première fois sans être poudré : (2pt)
4. a. Quel sentiment éprouva la propriétaire de la pension ?
  b. Pourquoi ?
5. De : «Ses diamants. à . en cuir de laine. » (3pts)
a. Relevez les objets qui montrent que Goriot était un
homme riche.
b. Par quoi sont remplacés ses objets de valeur ?
6. Quelle image l’auteur donne-t-il du bourgeois au moment de son bonheur et de sa richesse ? (2pt)
7. Quels sont les adjectifs qui qualifient 1’état du père Goriot misérable ? (2pt)
8. Identifiez la figure de style dans les énoncés suivants : (2pt)
a.La bordure rouge de ses yeux semblait pleurer de sang :
b.Ses diamants, sa tabatière d’or, sa chaîne, ses bijoux disparurent un à un :
9. «Aux uns il faisait horreur ; aux autres il faisait pitié». (2pt)
Dans la dernière phrase du texte, quel effet produit Goriot sur les gens qui le rencontrent ?
10. Que pensez-vous du comportements des deux filles du Père Goriot vis-à -vis de leur père ? (3pt)
II. Production écrite
Â
Rédigez une lettre conventionnelle dans laquelle vous demandez un emploi (travail).